lundi 29 mai 2017

Video ergo sum, rétrospective Peter Campus


C'était au Musée du Jeu de Paume ; la rétrospective reprenait les trois mouvements de l’œuvre de Peter Campus, la mise en question de l'image électronique, le renfermement en studio, l'immobilité et le noir, la sortie de la caverne et le retour à l'image animée, numérique.






De ces trois mouvements, le premier me semble le plus fécond, mettant en jeu l'image en mouvement du spectateur / acteur et jouant sur les modes possibles du décalage de l'image électronique (spatial, temporel), ce qui pourrait constituer le fondement d'une authentique "éducation à l'image".




mercredi 24 mai 2017

Louons notre gouvernement si éclairé ...


Que M. Richard Ferrand emploie M. Emile Ferrand son fils à diverses tâches de secrétariat, peu m'importe et je veux bien croire que travail réel il y eut.

C'est la justification donnée par le Cabinet de M. Ferrand (Richard) qui est à tomber de l'armoire :

Des échanges d'e-mails avec les collaborateurs de son père, que France info a pu consulter, semblent attester qu'Emile Ferrand, 23 ans à l'époque, s'est occupé de rédiger la lettre d'information bimestrielle du député, de mettre à jour son blog ou son compte Facebook ou même de réserver des trains. Un travail nécessitant un ensemble de compétences difficile à trouver dans la région, assure le cabinet : "Je vous invite à aller faire un tour en Centre-Bretagne. Ce n’est pas simple de trouver un jeune, volontaire, pour travailler cinq mois, qui sait lire et écrire correctement, aller sur internet." 
(source)

M. Ferrand (Richard) aura peut-être le courage d'aller défendre ceux dont il a été le député auprès de son honorable Cabinet : s'agissant de l’illettrisme supposé de la Bretagne, l'exemple du mépris vint d'en haut mais celui des excuses aussi !




En marge, on remarquera que 1200€ net pour 35 heures (source) de rédaction de lettre d'information bimestrielle, de tenue de blog et de page Facebook (mazette ...), c'est très, très honnêtement payé ; mais nul n'ignore les compétences rares et pointues dont il faut en plus disposer pour réserver des trains !

 

jeudi 18 mai 2017

Low tide at Landrellec -- Kenneth White


1.
Tide still high

gulls immaculate
on lofty ledges

ocean quiet.

2.
Slowly very slowly
the sea quits the rocks

leaving a line
of ancient weeds

where a sharp-eyed crow
forages for goodies.

3.
Sands now laid bare
some smooth, some rippled
 

the sea a blue glitter in the distance
long afternoon silence

broken by gull-cries.


 





MARÉE BASSE À LANDRELLEC

1.
Mer pleine encore

mouettes immaculées
sur les hauts promontoires

calme océanique.

2.
Lente, très lente
la mer quitte les rochers

laissant une frange
d’algues archaïques

qu’un corbeau avide
fourrage avec fièvre.

3.
Les sables à présent dénudés
tantôt lisses, tantôt cannelés

la mer un scintillement bleu au loin
long après-midi de silence

brisé seulement par le cri des goélands




in Kenneth White, Les rives du silence
traduit par Marie-Claude White, 
Mercure de France, 1997

 

mardi 16 mai 2017

Concorde et progrès ...


... la devise de notre gouvernement tout neuf ?

Enfin, tout neuf ...


Louons notre gouvernement si progressiste ...


... avec Louis Aragon, extrait du Roman Inachevé (Gallimard, 1956) :


Vous direz ce que vous voudrez
Mais le progrès c'est le progrès

Tout change et se métamorphose
Avec le temps il est des choses
Qu'on croyait de bon placement
Et qui n'ont duré qu'un moment
Par exemple l'eau de mélisse
Dont nous avons fait nos délices
Croyez-vous toujours qu'il y a
Des Dames au Camélia
A présent mourir poitrinaire
Est tout ce qu'on fait d'ordinaire

Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c'est un progrès

Qu'un banquier voulût se choisir
Pour successeur tout à loisir
Un jeune homme propre et rangé
Il lui suffisait de bouger
Un peu ses rideaux sur la tringle
Et de le voir pour une épingle
Traversant la cour se baisser
Le professeur Freud est passé
Refermez donc vos brise-bise
Rien de fait sans psychanalyse

Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c'est un progrès

Ceux qui faisaient tirer naguère
Leur ressemblance par Daguerre
Et qui pour leur salon s'offraient
Un petit Dagnan-Bouveret
Ah les cochons comme ils ornèrent
Leurs vaches de cosy-corners
Mais aujourd'hui c'est à Dali
Qu'ils demandent leurs ciels-de-lit
Ils remplacent leurs lampadaires
Par des mobiles de Calder

Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c'est un progrès

Quand je pense que l'on s'obstine
A user de la guillotine
Moyen qui peut être excellent
Mais un peu lent mais un peu lent
Mandrin de nos jours et Cartouche
Font enfantin pour ce qui touche
Aux modernes philosophies
La bagnole et le rififi
Il faut bien donner au trafic
Son visage scientifique

Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c'est un progrès

Il a fui le temps des apaches
Plus de surins et plus d'eustaches
Plus d'entôleuse au coin des rues
La cuisinière de Landru
Relève de la préhistoire
Depuis qu'on a les crématoires
Qui déjà soit dit entre nous
Font un peu conte de nounou
Quand on pense à ce qu'on peut faire
En passant par la stratosphère

Vous direz ce que vous voudrez
Pour un progrès c'est un progrès

On n'a pas épargné les phrases
Quand Guillaume employa les gaz
A plus rien tout ça ne rima
Au lendemain d'Hiroshima
Sans doute l'homme vient du singe
C'est un singe qui a du linge
Des lettres des traditions
Nous sommes en progression
De l'homme sur le quadrumane
Du pitécanthrope à Truman

Vous diré ce que vous voudré
Il y a  prograis et prograis