jeudi 21 janvier 2016

Arnaud Gautron expose au Roudour (St Martin des champs, 29)


Ciel et terre sont suspendus
dans le vide

Le soleil se braque
sur l'irréalité du monde
dans un présent éternel

Anise Koltz
Somnambule du jour
Poésie Gallimard, 2016



Cet été, dans la pénombre de l'Atelier Blanc, les toiles d'Arnaud Gautron développaient une activité centrifuge, tirant profit du clair-obscur qui brouillait leurs limites pour envahir, contaminer leur alentour et lui communiquer un sentiment d'inquiétude. L'articulation haut-bas qui structure la plupart des toiles prenait la figure d'une ligne de front déchirée par les rares éclairs de pyrotechnies verticales. La ligne centrale semblait le lieu d'une fracture d'où rayonnaient des dislocations qui partaient s'ancrer dans l'obscurité des murs.

L'impression s'inverse dans la lumière plus clinique du Roudour : fermement reconduites à leurs limites par la blancheur du support, les toiles prennent une dynamique différente, centripète, se recentrent et jouent la suture plus que le déchirement ; ce qui était faille, ligne de front se mue en horizon, en ligne de crête, se brouille et tend même à disparaître laissant sur la toile la promesse apaisée d'une prochaine apparition.