jeudi 15 septembre 2011

Vergers -- Rainer Maria Rilke





Vues des Anges, les cimes des arbres peut-être
sont des racines, buvant les cieux ;
et dans le sol, les profondes racines d'un hêtre
leur semblent des faîtes silencieux.

Pour eux, la terre, n'est-elle point transparente
en face d'un ciel, plein comme un corps ?
Cette terre ardente, où se lamente
auprès des sources l'oubli des morts.


(Vergers est paru en 1926 à la NRF dans le même volume que Les quatrains valaisans)


Un brouillage des perspectives assez différent de celui qu'on trouve chez Seamus Heaney, Lightenings viii ! Inversion en miroir chez Rilke, hiérarchie des mondes chez Heaney (le céleste navire flotte sur l'air : son ciel est donc au-dessus du nôtre, pas sous nos pieds).
Pourtant , l'effet de miroir réapparaît au dernier vers chez Heaney (... le marin remonta / Hors du merveilleux qu'il venait de connaître.) qui met en parallèle l'expérience du céleste marin et celle des moines.