lundi 1 août 2011

Mystic -- Sylvia Plath


Mystique
The air is a mill of hooks -
Questions without answer,
Glittering and drunk as flies
Whose kiss stings unbearably
In the fetid wombs of black air under pines in summer.
L’air est tissé d’hameçons,
Zébré de questions sans réponse,
Comme des taons, étincelants, saouls,
Dont les baisers virulents brûlent
Dans le ventre fétide et noir de l’air d’été sous les pins.
I remember
The dead smell of sun on wood cabins,
The stiffness of sails, the long salt winding sheets.
Once one has seen God, what is the remedy ?
Once one has been seized up
Je me souviens
De l’odeur morte du soleil sur le bois des cabines,
De la raideur des voiles, des longs linceuls de sel.
Dès lors qu’on a vu Dieu, quel remède ?
Dès lors qu’on est monté au ciel

Without a part left over,
Not a toe, not a finger, and used,
Used utterly, in the sun’s conflagrations, the stains
That lengthen from ancient cathedrals
What is the remedy ?
Sans avoir rien laissé de soi,
Pas un doigt, pas un os usé
Jusqu’à la moelle, usé dans les brasiers du ciel,
Les traînées rayonnant autour des cathédrales –
Quel remède ?
The pill of the Communion tablet,
The walking beside still water ? Memory ?
Or picking up the bright pieces
of Christ in the faces of rodents,
The tame flower- nibblers, the ones
Le cachet à prendre à la Sainte table,
La marche au bord des eaux ? La mémoire ?
Ou l’art d’assembler les reflets du christ
Sur le faciès des rongeurs,
Radoteurs, gobeurs de bluettes
Whose hopes are so low they are comfortable -
The humpback in his small, washed cottage
Under the spokes of the clematis.
Is there no great love, only tenderness ?
Does the sea
Aux espoirs si bas qu’ils en sont confortables –
La bossue dans sa maisonnette
Aux petits murs blancs sous les clématites.
Et nul grand amour, rien que de la tendresse ?
La mer se souvient-elle
Remember the walker upon it ?
Meaning leaks from the molecules.
The chimneys of the city breathe, the window sweats,
The children leap in their cots.
The sun blooms, it is a geranium.
De celui qui marchait sur elle ?
Le sens découle des molécules.
La vitre sue, les cheminées respirent sur la ville,
Les enfants sautent sur leurs lits.
Le soleil fleurit, c’est un géranium.
The heart has not stopped.
Le Coeur ne s’est pas arrêté.

(in Winter trees
Faber and Faber 1971)
(in Arbres d'hiver; précédé de La traversée
traduit par Françoise Morvan et Valérie Rouzeau
présentation de Sylvie Doizelet
Poésie / Gallimard 1999)





Le jumeau noir de Lady Lazarus, aussi épuisé, exsangue et incrédule devant sa "résurrection" (la mort comme la vie vraie, la fin de la vision comme inhumation etc ; voir aussi Nelly Sachs sur cette thématique) que Lady Lazarus voulait son retour bravache et menaçant.

La première strophe et particulièrement le premier vers arrivent à rendre compte d'emblée de ce sentiment d'enfouissement, d'étouffement consécutif à l'évaporation de la vision, au retour des questionnements un instant suspendus.




C'est sans doute ergoter mais je ne comprends pas le choix de la majuscule à Cœur ...