mercredi 23 mars 2011

Troubled Everything Relief Program


Oh certes, "comparaison n'est pas raison" mais je n'arrive pas à mettre de côté la puissance de l'analogie entre la catastrophe de Fukushima et la crise des subprimes. Le moteur de l'analogie, bien sûr, c'est cette image effarante de déversement de "liquidité" sensée permettre le rétablissement d'un mécanisme de contrôle devenu inopérant mais servant surtout de dernier rempart contre la fusion complète du système.



Fukushima, 20 mars 2011



On pourrait aussi parler du caractère prévisible du désastre et de l'absurdité de sa "probabilisation" en termes de "risque", des avertissements non suivis d'effet, de l'arrogance des experts dans la période précédant le désastre (TINA ! TINA !) et de leur nullité crasse dans celle qui suit ("on ne peut invoquer que la fatalité, l'enchainement etc"), du "quantitative easing" et des "moyens non conventionnels" élevés, faute de mieux, au rang de pratique naturelle (perçons les enceintes de confinement sinon cela va péter, quoi de plus naturel, en effet ?), des relations incestueuses (pour être poli) entre autorités de contrôle et gestionnaires du système, de la perte de vue de la valeur d'usage de l'activité (l'activité principale de Tepco était-elle de produire de l'électricité pour ses clients ou des dividendes pour ses actionnaires ?).

Sans parler de ce qu'on nomme pudiquement les "retombées" ...

Ou encore de la composition du MOX, cet étrange "produit dérivé" contenant "un peu" (7% de mémoire) de Pu239 juste "un peu" plus toxique que le reste et dont il faut bien se débarrasser (hé oui, La Hague n'est pas infiniment extensible) ... dilution des risques ?

Et puis, "à la fin" (il faudrait introduire un concept de fin qui, comme l'avenir, "dure longtemps" ... une forclusion de l'avenir en quelque sorte), on nationalise les ruines.

Dernière pièce au puzzle, après le traitement médiatique sensationnaliste, retour progressif à la "normale" via une communication de crise de mieux en mieux maîtrisée (à croire que le seul confinement réellement étanche, c'est celui qui enveloppe l'information) ; une danse à trois temps bien réglée :
  1. "un monde s'effondre, rien ne sera plus jamais comme avant ..."
  2. (l'apocalypse ne saisissant pas encore son quart d'heure warholien) "c'est comme cela, il faudra vivre avec, courage, dignité ..."
  3. (après vague stabilisation dans le courage et la dignité) "quand on pense aux circonstances exceptionnelles, c'est finalement moins grave que ce que les Cassandre de service nous promettaient ; plus de procédures, plus de contrôles, plus de contrôle des procédures et plus de procédures de contrôle des procédures ...", et ça repart car la croissance, elle, n'attend pas.




TARP (Washington Post, 28 novembre 2009)



Juste pour rappeler que derrière ces désastres apparemment forts différents se profile une sorte de structure commune dont ils ne sont que deux instanciations. Deux instanciations qui n'ont par ailleurs rien d'indépendantes, dont les corrélations vont lentement se mettre à jour et qui ne sont que les symptômes de l'incontrôlable montée en température de la mégamachine (Serge Latouche) techno-économique.

Troubled Asset Relief Program, Troubled Core Relief Program, à qui le tour ?





Voir aussi ici, l'article de Marc Humbert, Japon, l'alerte verte et rouge.
aussi, c'est du sérieux.