mercredi 9 février 2011

Die Krüge -- Paul Celan


Für Klaus Demus

An den langen Tischen der Zeit
zechen die Krüge Gottes.
Sie trinken die Augen der Sehenden leer und die Augen der Blinden,
die Herzen der waltenden Schatten,
die hohle Wange des Abends.
Sie sind die gewaltigsten Zecher :
sie führen das Leere wie das Volle
und schaümen nicht über wie du oder ich.

(in Mohn und Geddächtnis)


Les Cruches
Pour Klaus Demus

Aux tables longues du temps
trinquent les cruches de Dieu.
Elles boivent, elles vident les yeux des voyants et les yeux des aveugles,     
les cœurs des ombres efficientes,
la joue creuse du soir.
Elles sont les plus majestueux trinqueurs :
elles portent le vide à la bouche comme le plein
et ne débordent pas comme toi ou bien moi.

(traduit par Jean-Paul Lefebvre
in Paul Celan, Choix de poèmes réunis par l'auteur
Poésie/Gallimard) 


Ce poème fait une surprenante apparition dans Mourir comme un homme.