vendredi 16 avril 2010

Les grandes villes et l'esprit -- Georg Simmel (1858-1918)


Encore un précieux petit "carnet de l'Herne" (9.50€) ; pas tant pour le premier texte qui lui donne son titre dont on connait bien le contenu par la monumentale Philosophie de l'argent (PUF) que pour le second, Pont et porte dont est extrait ce qui suit :


L'homme est l'être qui ne peut jamais s'empêcher de séparer en reliant et qui ne saurait relier sans séparer ; c'est pour cette raison que l'existence indifférenciée de deux rives doit d'abord être perçue par l'esprit comme l'existence de deux choses dissociées qui doivent être ensuite unies par un pont. Et, parallèlement, l'homme est l'être limite qui n'a pas de limites. Il cesse d'être chez lui quand il franchit la porte; cela signifie, certes, qu'il rompt une part de l'éternité ininterrompue de l'existence naturelle. Mais s'il est vrai que la limitation devient forme, les frontières qu'il se fixe ne trouvent leur sens et leur dignité que grâce au symbole que représente la mobilité de la porte, grâce à la possibilité d'échapper à tout instant à cette limite pour être libre.


Pont et porte, matérialiser les frontières pour mieux les franchir ... entendre, à un siècle de distance, l'écho de ce texte dans la pensée en archipel et de l'archipel chez Edouard Glissant.



30/04/2010

On me fait aussi fort opportunément remarquer le lien avec l'œuvre de Claude Parent et son insistance sur la "fonction oblique" (qu'on pourrait voir ici comme un "dépassement" de l'opposition pont / porte ; un dépassement, pas un moyen terme).

Ci-dessous, deux illustrations (en provenance du fond du FRAC Centre) sur les "villes-ponts" (Claude Parent et Paul Virilio)






13/09/2010

Sur La fonction oblique, voir aussi ici.