mercredi 30 septembre 2009

Sur une petite phrase de FT_N2 : «une petite partie des employés n'arrive(nt) pas à changer de culture: passer du 22 à Asnières à la Livebox internet»


Cette phrase de M Pierre-Louis Wenes, N°2 de France Télécom au Nouvel Observateur a beaucoup été reprise; curieuse phrase, en effet, à deux points de vue, au moins :

(1) - la "culture du 22 à Asnières" correspond aux années 60 - 70 avant le "rattrapage numérique" qui a fait au tournant des années 80 du réseau de télécommunications français un des plus performants du monde; cette phrase témoigne d'une singulière ignorance de l'histoire de l'entreprise qu'il contribue à diriger et d'un assez remarquable mépris pour ceux qui dans les années 70 et 80 ont effectivement permis à la France de passer du "22 à Asnières" à un réseau à commutation temporelle numérique;

(2) - un peu d'arithmétique élémentaire permet de constater que le gros des salariés de France Télécom est forcément entré dans cette entreprise après le début des années 80. Les plus anciens ont donc pris part à cette mutation majeure que fut la commutation temporelle; les autres ont toujours connu une entreprise en mutation constante : aucun salarié de France Télécom actuellement en poste n'a pu connaître les heures mythiques du Petit Travail Tranquille et, à ce propos, qui se souvient de l'intensité du travail à cette époque mythique dans les autres entreprises ... juste histoire de remettre les souvenirs en perspective ! Curieux mépris, là encore.


Une simple remarque : quand on donne à des gens que l'on maltraite un pouvoir de maltraitance, il ne faut pas s'étonner que certains en fassent le plus mauvais usage. C'est, me semble-t-il, la cause principale de ce qu'on observe aujourd'hui : les responsables de premier niveau ont été durablement déstabilisés par les pressions de leur propre hiérarchie (pression à la mobilité bien plus que pression sur les résultats, qui est ancienne et peu remise en question) et finissent, pour certains, par le faire payer à leurs équipes, au titre du "si, moi, j'en bave, pourquoi pas vous". Et c'est ainsi qu'une hiérarchie qui n'avait jamais brillé par la qualité de la gestion de ses "ressources humaines" mais faisait bien mieux que sauver les meubles par la qualité de son suivi technique a sombré en partie dans le caporalisme le plus éhonté (notez que j'ai écrit "caporalisme" avec un "c" ...).

Et puis, je n'ai rien dit sur la "livebox" mais, s'agissant des premières versions du moins, le syndrôme du "22 à Asnières" a souvent été évoqué ! Comme quoi ...



Pour ne rien dire non plus d'autres déclarations du même auteur, elles aussi beaucoup commentées,

«On a fait parler les morts» (apparemment, ce sont quand même les morts qui parlent, ces derniers temps, d'outre-tombe, bien sûr et malheureusement, mais sans ambigüité)

ou

interrogé par le Nouvel Observateur sur la possibilité qu'il perde son poste avec cette vague de suicides, le numéro deux de France Télécom a toutefois paru surpris: «je considérerais alors que je suis victime d'une monstrueuse manipulation»,

phrases qui brossent au final un portrait des plus inquiétants !







En date du 05/10 : démission de Louis-Pierre Wenes, qui reste néanmoins "conseiller spécial" de Didier Lombard (FT_N1).



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