vendredi 4 septembre 2009

Liberté-Egalité ou Liberté-Sécurité


Rem
arque récurrente autour des questions de "régulation" de la finance, la solution se trouverait dans un équilibre sur un axe liberté - égalité. Le sous-jacent de cette remarque et la raison de son omni-présence dans le discours dominant est de ramener le problème au seul problème du niveau de rémunération, puis de situer l'exigence de régulation sur le seul terrain de ressentiment ("il a une Bentley et j'ai une deux-chevaux").

Si cette omniprésence me paraît si gênante, ce n'est pas tant dans sa deuxième étape (le rabattement de l'exigence d'égalité sur le ressentiment) que dans sa première: l'axe principal qui sous-tend l'exigence de régulation me paraît plutôt être l'axe liberté - sécurité que l'axe liberté - égalité.

L'exigence de régulation prend sa source dans le fait que la liberté accordée aux acteurs la finance (considérée comme excessive par les "régulateurs") met en péril la sécurité des autres: qu'on pense simplement à la hausse du chômage consécutive à l'éclatement de la dernière bulle en date.

Rabattre l'exigence de régulation vers le ressentiment permet au discours dominant de créer un adversaire à sa mesure en plaçant le combat sur le terrain de son choix: la liberté ou le cauchemar égalitariste (plutôt ces salaires extravagants que la DDR en pire ou le Kampuchea "démocratique" etc; bref "le nucléaire ou la bougie" adapté à la situation). Sur ce terrain, l'argumentaire est bien rodé et (malheureusement) encore assez efficace, ce qui garantit une victoire assez facile.

Combat tellement plus facile que celui qui se livrerait sur le terrain de l'axe liberté - sécurité, tout aussi classique et documenté que l'axe liberté - égalité.

Ce ne sont pas tant les montants extravagants des rémunérations du monde de la finance en tant que tels qui sont en cause que ces montants comme partie la plus visible d'un système qui permet à certains de risquer gros sur le compte de tous les autres; c'est le "pile ils gagnent gros, face nous perdons tout" qui est en cause, bien plus que le "combien gagnent-ils ?".

Et c'est cette mise en cause, cette prise de conscience que la propagation à l'économie réelle de la crise financière a rendu très aigüe, que l'on essaye d'oblitérer en revenant sur le terrain confortable de l'axe liberté - égalité, de la nécessaire rémunération des meilleurs mais avec une couche de moraline etc.

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