lundi 31 août 2009

La bouche pleine de terre -- Branimir Šćepanović


Ce livre a une histoire éditoriale apparemment compliquée: publié d'abord à l'Age d'Homme en 1975 (traduction de Jean Descat) sous une superbe couverture (malheureusement, j'ai égaré cet exemplaire il y a bien longtemps), re-publié en collaboration avec les éditions de Fallois en 1988 et finalement réédité en 2008 au Serpent à Plumes-Editions du Rocher (5€ ...) !






Ci-dessous un extrait qui permet de juger de la construction parallèle du récit, en vue subjective du côté des poursuivants, en vision extérieure, "objective", à la troisième personne, pour le poursuivi :




Cette construction ne se contente pas de placer le lecteur dans la position des chasseurs (vue subjective de la poursuite, objectivation de la proie): à mesure que le récit avance, le discours à la troisième personne prend des dimensions presque prophétiques qui prépare la révélation finale aux chasseurs de leur propre vide:
"La nuit tombait déjà: tout le paysage, le monde entier disparaissait soudain dans les ténèbres, à l'exception de ce rocher isolé où, séparés par ce mystérieux homme nu qui souriait même dans la mort, nous nous enfoncions tous deux dans un silence de plus en plus douloureux."

Maîtrise parfaite de ce récit où le "il" change imperceptiblement de statut au cours de la poursuite, de l'extériorité toute "inférieure" de la proie à celle, infiniment inquiétante, de l'Ange.

Actuellement indisponible aux éditions L'Age d'Homme .